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Québec Cinéma

André Forcier honoré par le FNC

Mardi, 15 octobre 2019

À l’occasion de la sortie de Les fleurs oubliées, sur lequel nous reviendrons plus en détails, le Festival du nouveau cinéma honore la carrière d'André Forcier, Iris Hommage 2018, en lui remettant une Louve d'Or. Outre la première tapis rouge de son dernier film - qui aura lieu demain soir - le festival présentera cette semaine les copies restaurées par Éléphant: la mémoire du cinéma québécois de L’eau chaude, l’eau frette son troisième long métrage sorti en 1977 et de Le vent du Wyoming, distribué en 1994. L'occasion de voir deux films marquants de la carrière de ce grand cinéaste québécois, tout à fait représentatifs de son imaginaire débridé et de sa vision humaniste de notre société.

L’eau chaude, l’eau frette

Le texte qui suit a été écrit par le cinéaste en juillet 1975 en guise de synopsis supportant la demande d'approbation de la SDICC, désormais Téléfilm Canada. Il a été publié à l'origine dans la revue Cinéma Québec en 1977.

« Dans un même pâté de maisons angle St-Denis et Rachel, à Montréal, évolue un petit groupe de gens défavorisés qui vivent leur vie de façon cosmique: ils vont et viennent, sous l'impulsion du moment. Ce monde, dans l'optique de l'auteur, n'est pas en apparence compliqué ; il orbite autour d'un amoralisme attachant. Une mécanique animale en règle le comportement. Un coup d'oeil vivide et amusant, qui ressemble à un collage, nous fait voir :

  • Carmen Boisjoli, chez elle ou à la buanderie populaire où elle travaille (laundromat),
  • Francine, sa fille de 12 ans infirme du coeur, ne pouvant respirer normalement que lorsqu'elle est littéralement "branchée" à une prise de courant,
  • Polo, un usurier local (Shylock), au style mafioso,
  • Julien, le livreur de vingt-cinq ans d’un snack-bar et amour eux passionné de Carmen,
  • Ti-Guy, si jeune et si mûr à la fois, ami de Francine,
  • Françoise, patronne de Julien et propriétaire du petit restaurant de quartier,
  • Amédée Croteau, écrivain et poète obséquieux et pédant,
  • Mademoiselle Vanasse une vieille fille gardienne de la petite Francine,
  • Et Clémence, la concierge d'une maison de chambres où vivent plusieurs de ces personnes. 

Les premier et deuxième étages de cette maison sont en retrait du rez-de-chaussée fait de petites boutiques, de petits commerces donnant immédiatement sur le trottoir de la rue St-Denis, ce qui crée un patio­véranda où s'organise en ce moment une fête en l'honneur de Polo, sous l'habile direction d'Amédée Croteau, 62 ans, membre de l'Académie canadienne-française, au verbe cérémonieux, décorateur d'occasion et pédale d'habitude. Polo couche avec Carmen et avec Clémence, ce qui fait que les deux femmes ne s'aiment pas, bien qu'elles habitent sous le même toit.  Toutes ces personnes, plus bien d'autres aussi se retrouveront demain soir à la fête et vaquer ont tant bien que mal à leurs occupations diurnes - ce qui ne nous empêchera pas de les suivre, de les perdre de vue, de les entrevoir, de les retrouver.

Julien, monté sur sa motocyclette à panier, livrera ses cafés et ses hot-dogs, obsédé par la seule image de Carmen. Francine, menstruée pour la première fois, sera l'objet des sollicitudes de mademoiselle Vanasse pendant que Ti-Guy, titi montréalais et futur souteneur, négociera avec un couple d'amoureux "75 cents pour deux... (pour) écouter le coeur d'la p'tite infirme...". Croteau, lui, rend visite à Françoise qui n'a toujours pas vendu un seul de ses "constats d'onirisme", recueil de poésie qu'il tentera de refiler lors de la fête... C'est ce soir qu'on s'amuse: Amédée Croteau a fait élever des estrades sur le patio. Il arrive avec des paniers de provisions et de marchandises, et suivi d'un maître queux célèbre, "de ses amis" un chef du Windsor, parait-il, et de trois adolescents marmitons... » Lire la suite.

: Cinéma Impérial / Quand: jeudi 17 octobre à 18h00 (Séance #186) / Durée: 1h32 / Billets

Le vent du Wyoming

« A quoi ça ressemble? Mais à tous les autres Forcier! Un monde, vraiment. Son monde à lui. Ses acteurs - France Castel, Marc Messier, Michel Côté... et ses personnages. Oiseaux de nuit que Forcier n'a pas tout à fait inventés. Ils existent, bien réels, bien vrais. Nés pour les petites misères. Québécois jusqu'au tréfonds. » (Serge Dussault, La Presse, 28 août 1994)

« Le roman, c’est l’art de la réalité. Le récit y prend le rythme de la réalité alors que le cinéma, c’est un condensé de la vie. Tout le superflu en est enlevé. Derrière un film, il y a toujours des caprices, des latences, une réflexion sur la société. Ce film parle de la trahison des "Baby-boomers" envers leurs enfants: ça, c’est la trahison de Lizette envers sa fille Léa. Finalement, pour une des rares fois dans l’histoire, cette génération des « babyboomers » a peut-être laissé derrière elle une génération plus pauvre qu'elle. Ces réflexions sont sans doute évidentes dans le film, mais ce n’est pas ça qui me gouverne en le faisant, ou alors, c’est inconscient. Les intentions, c’est certainement important mais il ne me semble pas nécessaire de les souligner. À chacun de les voir. Mon but est de raconter une bonne histoire et que mes personnages soient vrais. » (Extrait d’une entrevue accordée au Nouvelliste, parue le 8 octobre 1994).

: Cinémathèque - Salle Principale / Quand: samedi 19 octobre à 15h00 (Séance #235) / Durée: 1h33 / Billets

 

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