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Québec Cinéma

Denis Villeneuve nommé cinéaste de la décennie

Jeudi, 9 janvier 2020

C’est aujourd’hui 9 janvier 2020 que la Hollywood Critics Association remet le trophée du « cinéaste de la décennie » (Filmmaker of the Decade Award) au Québécois Denis Villeneuve, devenu en quelques années à peine l’un des cinéastes les plus connus et appréciés de toute l’Amérique du Nord. Cet honneur prestigieux, et hautement mérité, nous donne l’occasion de revenir sur une carrière immense.

Né le 3 octobre 1967 à Gentilly, près de Trois-Rivières, Denis Villeneuve est l’aîné d’une fratrie de quatre enfants, comprenant son jeune frère Martin, également réalisateur (Mars et Avril, 2012). Après des études en sciences pures, il obtient un baccalauréat en communication (profil cinéma) à l’Université du Québec à Montréal. En 1991, après sa victoire à la course Europe-Asie de Radio-Canada, les portes du cinéma professionnel s’ouvrent à lui. Ainsi, grâce à un stage offert par l’ONF, il se rend près du Pôle Nord et participe au tournage du film Cornouailles de Pierre Perrault.

La piqûre se confirme en 1994 après alors que l’Office national du film lui donne l’occasion de réaliser son premier film professionnel, un moyen métrage entièrement tourné en Jamaïque. Premier essai, première récompense, puisque REW-FFWD remporte le prix de la New York Film Academy au Festival international du film de Locarno.

Après plusieurs vidéoclips, Denis Villeneuve franchit un nouveau cap en signant un segment du long métrage Cosmos, produit par Roger Frappier. Cette œuvre collective, emblématique du renouveau du cinéma québécois, remporte un prix au Festival de Cannes et représente le Canada dans la course à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.

C’est en 1998, que Denis Villeneuve réalise son premier long en solo. Mettant en vedette Pascale Bussières et Alexis Martin, Un 32 août sur Terre est sélectionné à Cannes dans la catégorie Un certain regard. Ce drame envoûtant mettant en scène la quête identitaire de deux trentenaires égarés est également produit par Roger Frappier de Max Films. Présenté dans de nombreux festivals internationaux, il représente officiellement le Canada à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.

Après ces débuts remarqués, Denis Villeneuve obtient en 2000 son premier grand succès public avec le drame Maelström, relatant les tourments d’une jeune femme (incarnée par Marie-Josée Croze) après qu’elle ait accidentellement causé la mort d’un piéton. Primée dans plusieurs festivals, l’oeuvre remporte huit Jutra et cinq Génie, dont ceux du meilleur film, de la meilleure réalisation et du meilleur scénario. Pour la troisième fois, Denis Villeneuve est le représentant officiel du Canada aux Oscars.

Entre 2000 et 2008, Denis Villeneuve fait une pause de cinéma. Il revient sur les devants de la scène en 2008 avec Next Floor, un court métrage hallucinant de maîtrise, sélectionné dans plus de 200 festivals et récipiendaire de 60 prix, dont celui du meilleur court métrage lors de la Semaine internationale de la critique à Cannes. Cette métaphore sombre scénarisée d’après une idée originale de Phoebe Greenberg est également primée à Berlin, à la soirée des Prix Génie et à la Soirée des Jutra.

La carrière de Denis Villeneuve trouve un accomplissement majeur à la fin des années 2000, alors qu’il signe coup sur coup deux films majeurs de la cinématographie québécoise. Polytechnique en 2009 et Incendies l’année suivante donnent à leur auteur une importante visibilité nationale et internationale. En dépit de la polémique qu’il a causée, le premier remporte de nombreux prix, dont celui du meilleur long métrage canadien au Festival international du film de Toronto (TIFF), cinq Jutra (dont celui de la meilleure réalisation) et neuf Génie (dont celui du meilleur film et de la meilleure réalisation). Coproduit avec la France, le second puise dans la pièce éponyme de Wajdi Mouawad un récit à portée universelle, dans lequel Mélissa Désormeaux-Poulin et Maxim Gaudette incarnent deux jumeaux bien décidés à exhumer le passé trouble de leur famille. Cette histoire portée par la quête identitaire, la résilience revisite la tragédie antique et s’imprègne durablement dans les esprits. D’une rare intensité, le film est plébiscité partout dans le monde, et obtient une place de finaliste à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. La première du Canada depuis celle de Denys Arcand en 2004.

C’est à Toronto qu’il débute sa carrière en anglais, avec Enemy (2013) une coproduction Canada-Espagne ambitieuse qui récolte cinq prix Écrans canadiens. Avec un tel parcours, il était logique que les studios d’Hollywood lui ouvre leurs portes. Villeneuve réalise ainsi deux suspenses psychologiques prenants: Prisoners (2014) et Sicario (2015). Le premier lui vaut une nomination aux Oscars pour la direction photo et le second, trois nominations.

Denis Villeneuve atteint une nouvelle marche. Car si l’on savait qu’il était l’un des auteurs les plus prometteurs de sa génération, on est désormais certain qu’il trouve naturellement sa place dans un système de production hollywoodien très codifié. Même s’il se retrouve à la tête de productions plus coûteuses, il ne sacrifie rien aux thèmes existentiels qui lui sont chers, tels l'incessante quête identitaire de ses personnages, ou le rapport qu'ils entretiennent avec l’imaginaire.

Suite à ces trois productions très bien reçues par le public et la critique, Villeneuve confirme les attentes en 2016 avec Arrival, un « thriller » de science-fiction doté d’un budget d’environ 50 millions de dollars. Le succès est une nouvelle fois au rendez-vous puisque le film récolte huit nominations aux Oscars, notamment celles du meilleur long métrage et de la meilleure réalisation – une première pour un réalisateur d’ici – en plus de permettre au Québécois Sylvain Bellemare de remporter l’Oscar du meilleur montage sonore.

Sur la lancée, le réalisateur enchaîne en relevant un projet de taille, celui consistant à donner une suite au mythique Blade Runnerde Ridley Scott. Avec son budget de 200 millions, Blade Runner 2049 relève le défi et rend hommage de belle manière à l'une des pièces maîtresses de l’histoire du cinéma de genre mondial. L'atmosphère de fin du monde imaginée par Philip K. Dick trouve dans la mise en scène de Villeneuve et dans les images de Roger Deakins une illustration fortement évocatrice, mais qui – comme l’original – ne parvient pas à compenser le relatif échec du film au box-office. Malgré tout, le film remporte deux Oscars (photographie et effets visuels).

En 2020, Denis Villeneuve occupera à nouveau le devant de la scène avec une œuvre hautement attendue des cinéphiles du monde entier. Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac et Josh Brolin seront les principales vedettes de la deuxième adaptation de Dune de Frank Herbert, autre chef d’oeuvre de la science-fiction. Le film, qui sera le premier de deux volets, devrait sortir en salle en décembre de cette année.

Toute l’équipe de Québec Cinéma tient à féliciter Denis Villeneuve pour sa carrière et se souviendra encore longtemps de la leçon de cinéma qu’il avait accordé lors des RVQC 2018. Cet événement, tenu devant un parterre de plus de 1 400 personnes à la Place des Arts, est sans aucun doute l’un des moments marquants de toute l’histoire du festival.

(Photo d'en-tête : Denis Villeneuve à la première du film Blade Runner - Crédit: Diane Leblanc / Photo ci-dessus : Marie-Louise Arsenault et Denis Villeneuve lors de la leçon de cinéma aux RVQC 2018. Crédit: Vivien Gaumand)

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