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Québec Cinéma

Entrevue avec Thomas Rinfret

Vendredi, 6 décembre 2019

Après avoir été présenté en septembre dernier au Festival de cinéma de la ville de Québec, où il a remporté le Prix Jury cinéphile pour le premier long métrage, le long métrage documentaire Mad Dog & The Butcher: Les derniers vilains sort en salle ce vendredi. écrit par Annick Charlebois et Thomas Rinfret et réalisé par ce dernier, le film nous permet de replonger dans l'univers incomparable de la lutte professionnelle au Québec. Le cinéaste a suivi le quotidien de Paul « The Butcher » Vachon, qui, avec son frère Maurice, sa fille adoptive Luna et sa sœur Vivianne, sont des figures emblématiques du Québec des années 1960 et 1970. Nous nous sommes entretenus avec Thomas Rinfret pour qu'il nous en dise plus long sur son sujet et son film.

« Lorsque je l'ai rencontré pour la première fois, en 2014, je commençais les démarches pour un éventuel documentaire. Même si je viens du monde du sport, je n'avais pas un grand intérêt pour la lutte. Mais je voyais déjà dans le personnage de Paul un fort potentiel fantastique. La lutte, c'est vraiment le monde du spectacle! Ma rencontre avec lui a été un coup de poing et un coup de foudre en même temps.... Paul était très solide, un homme fort malgré sa maladie. Sachant qu'il allait peut-être mourir, on était un peu dans l'urgence. On essayait de ramasser ce que l'on pouvait. Alors j'ai commencé à le filmer, avant même que nous ayons reçu le financement. Je ne voulais pas perdre de temps. Il m'appelait, me demandait si je voulais le suivre, et je partais seul avec ma caméra et mes micros. Cela a duré quatre ans. Par la suite, nous avons eu du financement et les choses se sont placées. »

Dans les années 80, après la retraite de Maurice Vachon, la lutte a pris un virage différent et a beaucoup évolué au fil du temps. Mais il y a quatre décennies, ce sport-spectacle était un véritable phénomène de société. « à l'époque c'était aussi gros que le hockey peut l'être aujourd'hui, toutes proportions gardées, bien sûr, nous dit le cinéaste. Les lutteurs étaient de vraies vedettes faisant partie de la culture populaire québécoise. C'est aussi ce qui m'a attiré dans le projet. C'est un film d'auteur qui a un fort potentiel populaire. Depuis, la société à évolué vers d'autres choses, mais dans le temps, les spectateurs y croyaient encore. Ils se demandaient encore si tout ça c'était vrai, il restait une petite interrogation... aujourd'hui la question ne se pose plus. Il y avait quand même plein de gens qui décidaient de laisser leurs doutes au vestiaire et qui fonçaient. Un peu comme moi pour le film, je me suis laissé embarquer par le personnage... j'avais à faire quelqu'un qui avait des histoires variables selon l'humeur (rires). Cela dit, je n'ai pas cherché à changer la magie de Paul... »

La trame narrative du film est organisée en chapitres, reliés entre eux par un livre agrémenté des dessins de Marc Tellier, tandis que le texte est lu en voix hors champ par le comédien Roger Léger. Le tout donne un documentaire vivant, aux allures de conte fantastique. Outre les entrevues en face-à-face avec Paul et quelques autres intervenants, de très nombreuses archives et une trame sonore composée de plusieurs morceaux connus du répertoire populaire québécois. « Au montage et à la recherche, j'ai travaillé en étroite collaboration avec Annick Charlebois, précise-t-il. Elle a fait un travail extraordinaire, car, au fil des ans, beaucoup d'archives télévisées ont été détruites. Il nous donc a fallu aller gratter partout, à l'ONF, à Radio-Canada, à la WWE et la WWF. Cela nous a coûté boucoup d'argent, mais nous avions réservé un bon montant pour les archives et pour la musique. Ces deux éléments étaient prioritaires à mon sens. Je ne voulais pas faire un film en n'étant pas entièrement plongé dans l'époque. Le processus a été très agréable pendant une bonne période, mais ça a été difficile par la suite. J'ai de bons moments d'angoisse, avouons-le. »

Avec une période de tournage de près de quatre ans, on imagine facilement que le travail de montage a été primordial et que le choix de garder ou de jeter certaines scènes a été un vrai casse-tête. « L'un des défis était de ne pas tomber dans l'anecdotique. Paul a plein d'histoires à raconter... mais si on ne garde que ça, on finit par perdre le fil. Ce n'est pas un film sur la lutte. c'est un film sur la famille, sur l'amour qui a la lutte en toile de fond. C'est ce que j'ai protégé depuis le début. »

Mad Dog & The Butcher : Les derniers vilains est en salle à compter le 6 décembre prochain au cinéma Beaubien à Montréal et au Clap à Québec, au Cinéma Le Tapis Rouge de Trois-Rivières et dans plusieurs autres villes. Voir les horaires.

Voir la capsule de La Fabrique culturelle.

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