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Québec Cinéma

Figures paternelles

Mardi, 12 juin 2018

Les figures du père ont marqué le cinéma québécois depuis ses origines. Ses diverses représentations mais aussi ses absences nombreuses et répétées ont jalonné l’imaginaire de nos cinéastes. Si l’on peut dire que c’est une thématique récurrente dans bien des filmographies nationales, force est de constater que c’est plus particulièrement vrai au Québec. Omniprésence des personnages féminins et de la maternité? Volonté de nier un passé douloureux? Remise en cause de la fonction même du patriarche? Plusieurs explications historiques et sociétales peuvent entrer en ligne de compte. Toujours est-il que l’image paternelle, tout autant que le conflit générationnel père-fils qu'ellle acompagne souvent, sont des sujets délicats et récurrents qui se retrouvent dans bon nombre de nos oeuvres, et qui ont fait l’objet de nombreuses études émises par les historiens de notre Septième art.

À l’occasion de la fête des pères (dimanche 17 juin), nous avons jugé intéressant de vous proposer cinq films dans lesquels la figure paternelle est au coeur du récit, dans toute sa force et sa complexité.

L’audition

Louis est une petite frappe qui se charge de collecter les retards de paiement. À 40 ans, celui qui caresse le rêve de devenir acteur se lance dans le grand bain en passant une audition pour une scène qui doit représenter le dernier message d’un père envoyé à son fils. Incertaine sur son avenir avec lui, sa blonde n’ose pas lui annoncer qu’elle est enceinte...

« Ça faisait longtemps que je me disais que j’aimerais écrire à mon fils une lettre qu’il pourrait lire plus tard. Un après-midi, alors que je venais de coucher le petit, je lui ai écrit une petite lettre sur ce que je pensais de la vie. Et là, je me suis dit que ça ferait un bon point de départ pour un film: un père qui fait ses adieux à son fils. J’ai gardé ça, et là, je me suis dit que j’allais écrire une autre scène qui n’aurait aucun rapport avec la première. J’en ai écrit trois ou quatre ainsi, juste des scènes que j’aurais aimé voir au cinéma. Puis, un lien s’est fait entre elles, et j’avais un début d’histoire. J’écrivais ça à la mitaine. Mais, au bout de trois semaines, j’avais 45 pages d’écrites. Alors, je suis allé m’acheter un ordinateur! Deux mois plus tard, j’avais terminé mon scénario. » (Luc Picard, entrevue accordée à Michel Beaudin/Canoé, 28 octobre 2005)

L’audition de Luc Picard, 2005, 100 minutes - Avec: Luc Picard, Suzanne Clément, Denis Bernard - Disponible en DVD

C.R.A.Z.Y.

Dans un Québec en pleine Révolution tranquille, entre une mère très croyante et un père aimant mais traditionnel, Zachary, quatrième des cinq fils Beaulieu, cherche à se faire accepter malgré cette sensibilité qui le rend si différent de ses frères. (Régie du cinéma du Québec)

« C’est un film sur la tolérance et l’amour, mais c’est aussi un hommage à la famille de la classe moyenne, résume Jean-Marc Vallée.Dans sa simplicité, dans sa quête de bonheur, dans sa souffrance, cette famille est très représentative de la classe moyenne de banlieue de l’époque et même, je pense, d’aujourd’hui. » (Jean-Marc Vallée dans Le Devoir, samedi 21 et dimanche 22 mai 2005, p. E1)

C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée, 2005, 126 minutes - Avec : Michel Côté, Marc-André Grondin, Danielle Proulx, Pierre-Luc Brillant

Gaz Bar Blues

M. Brochu, alias Le Boss, est le patron d’une station-service dans un quartier pauvre de Montréal. Mais au tournant des années 90, M. Brochu a bien des soucis. Ses relations avec ses fils ne sont pas au beau fixe, la criminalité montante du quartier où est situé son commerce est omniprésente, et voilà que s’annonce la maladie de Parkinson. Cet homme dévoué toute sa vie à sa petite entreprise familiale parviendra-t-il à surmonter ses problèmes?

Gaz Bar Blues de Louis Bélanger, 2003, 115 minutes - Avec : Serge Thériault, Gilles Renaud, Sébastien Delorme, Danny Gilmore, Fanny Mallette, Gaston Caron, Gaston Lepage, Daniel Gadouas, Claude Legault, Réal Bossé / Disponible en VOD

Un zoo la nuit

Tout juste sorti de prison, Marcel essaye de retrouver le dessus sur sa vie. Mais son passé va vite le rattraper lorsqu’il tente de récupérer le magot amassé lors de son dernier coup. Menacé par d’ex acolytes gourmands, il retrouve alors son père qui se sait condamné par la maladie et passe quelque temps avec lui. Mais ces retrouvailles seront de courte durée.

« Dans Un zoo la nuit, le père est ouvrier, le fils est artiste. Un dialogue va s'établir entre les deux. C'est ce qui m'a attiré dans le scénario. J'ai vécu, comme Jean-Claude, la mort du père... Mon père est mort d'un cancer de la bouche.C'était le même pattern: milieu ouvrier, pas de communication, et juste avant la mort, des bouts d'échanges avec lui. Je pense qu'on passe sa vie à chercher son père, jusqu'à ce qu'on le tue. Il faut passer par le père pour pouvoir s'accepter soi-même. » (le comédien Gilles Maheu dans La Presse, samedi 20 juin 1987, p. D22)

Un zoo la nuit de Jean-Claude Lauzon, 1987, 115 minutes - Avec Gilles Maheu, Roger Lebel, Germain Houde, Lynne Adams, Lorne Brass / Disponible en VOD

La vie avec mon père

Devenu célèbre avec son seul roman, l’écrivain François Agira goûte au bonheur grâce à de bons droits d’auteur. Mais cette qualité de vie n’est pas éternelle. François doit en effet composer avec des problèmes financiers... et une perte de vigueur qui ne sied pas tout à fait avec sa vie de tombeur de femmes. Il décide alors de se rapprocher de ses deux fils, s’installe chez l’un d’eux et impose son train de vie insouciant... Obligés de vivre sous le même toit, les trois hommes vont devoir faire face à un mal encore plus grand qu’ils ne se l’étaient imaginés.

« Ce sont des thématiques tellement riches. Qu’est-ce qu’il y a de plus important dans la vie d’un homme que son père? J’espère toutefois que ce film ne parle pas juste aux gars. Cela dit, c'est important que les gars sortent de leur coquille et parlent.» (Sébastien Rose dans Le Devoir, samedi 19 et dimanche 20 mars 2005, p. E8)

La vie avec mon père de Sébastien Rose, 2005, 110 minutes - Avec: Raymond Bouchard, David La Haye, Paul Ahmarani, Hélène Florent

 

(image d’en-tête Gilles Renaud et Serge Thériault dans Gaz Bar Blues de Louis Bélanger)

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