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Québec Cinéma

Décès de Michka Saäl, regard intime du déracinement

Lundi, 10 juillet 2017

C’est avec émotion que nous avons appris ce matin la disparition de Michka Saäl, auteure d’une filmographie poétique et sensible, majeure bien que très peu connue du grand public. Depuis presque 20 ans, la cinéaste originaire de Tunisie installée au Québec à la fin des années 70, s’était attachée à traiter de sujets profondément humains, devenant l’une des voix importantes de la diversité culturelle québécoise par ses thèmes de société ayant un lien étroit avec l'immigration et le déracinement.

Fortement ancrée dans notre imaginaire car très représentative de notre réalité, sa carrière avait inscrit en filigrane un profond mal-être lié à l’exil ou l’isolement. Parmi ses films les plus touchants, citons le court Loin d’où?, 1989, et le long métrage L’arbre qui dort rêve à ses racines, 1992, entre autres.

Plusieurs de ses œuvres avaient été présentées lors des grands rendez-vous locaux que sont les RVCQ et les RIDM, et avaient voyagé autour de la planète à l’occasion de festivals internationaux de renom tels que Visions du Réel, à Cannes, ou au FID Marseille qui en 2016 avait présenté Spoon, une évocation sensible de sa rencontre épistolaire avec un prisonnier américain questionnant à la fois la notion d’enfermement mais explorant aussi une possible libération psychologique par le biais de l’art. Michka Saäl est récipiendaire du prix du meilleur court-métrage aux RVCQ pour Loin d'où?, 1989 et du prix du meilleur film pour Nulle part, la mer au Festival du Cinéma International de Ste-Thérèse, 1991. Son dernier film, A Great Day in Paris, un hommage à de réputés musiciens de jazz installés à Paris, était sorti en salle dans la capitale française il y a à peine deux mois.

… de façon naturelle, je situe mes personnages comme venant d'autres cultures. Même s'ils sont ici depuis très longtemps, même s'ils y sont nés, à force de gratter un peu, on découvre leurs origines. J'aime les couleurs, les métissages, les mélanges, des réalités dans lesquelles j'existe. J'ai l'impression que si dans un film on met un homme, une femme, un chien, un vieillard et un bateau, il va se passer quelque chose. Mais si en plus, le bateau appartient à un armateur grec et que le chien est un chien irlandais, et que l'homme est finlandais et la femme originaire d'Afrique du Nord, il va se passer encore plus de choses. Parce que les chocs sont encore plus forts que les homogénéités.

(Michka Saäl, entretien avec Élie Castiel, revue Séquences, numéro 200, janvier-février 1999)

Vous pouvez en savoir plus sur cette carrière menée en toute liberté à l’écart des circuits traditionnels sur le site internet des Dames du doc et découvrir quelques-unes de ses œuvres en visionnement en ligne sur le site de l’ONF.

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